Nul besoin dâune armĂ©e de figurants pour dĂ©peindre le dĂ©sespoir, JosĂ© Nascimento sâattache dĂšs le dĂ©part Ă des problĂšmes humains et relationnels en filmant au plus prĂšs la dĂ©tresse. Celle qui sâextĂ©riorise sur les visages, dans la violence des Ă©changes verbaux, se lit sur les corps transis de froid, dĂ©trempĂ©s, Ă la lisiĂšre du renoncement. Le metteur en scĂšne fait le choix du dĂ©pouillement contre le lyrisme, lâesprit de fresque et lâĂ©motion facile. Les personnages rugueux de Trop tard ne sont guĂšre aimables ; leur ĂąpretĂ©, leur lĂąchetĂ©, leur effroi expriment dâautant mieux la peur de la mort, lâhumanitĂ© de cette peur dans ce quâelle contient de trivial aussi bien que de mĂ©taphysique.
Si passĂ©e son audacieuse premiĂšre demi-heure, paradoxal huis clos en espace ouvert, le film se dirige vers une issue attendue et perd de sa rigueur lorsquâil met pied Ă terre, sa force initiale ne sâestompe pas totalement et se rĂ©percute sur dâautres scĂšnes, plus espacĂ©es. Ces moments -telle la dĂ©couverte dâun cadavre figĂ© sur un Ăźlot- laissent supposer lâĂ©mergence dâun vĂ©ritable cinĂ©aste avec lequel il semblerait dĂ©sormais falloir compter.